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Film à la carte

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Chien de la casse

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Portée par des comédiens exceptionnels, cette chronique rurale parle d’une jeunesse peu représentée au cinéma. Elle ausculte aussi la complexité de l’amitié avec un sens incroyable du dialogue et une fragilité toute existentielle. Un grand premier film !


Dog et Mirales sont amis d’enfance. Ils vivent dans un petit village du Sud de la France et passent la majeure partie de leurs journées à traîner dans les rues. Pour tuer le temps, Mirales a pris l’habitude de taquiner Dog plus que de raison. Leur amitié va être mise à mal par l'arrivée au village d'une jeune fille, Elsa, avec qui Dog va vivre une histoire d'amour. Rongé par la jalousie, Mirales va devoir se défaire de son passé pour pouvoir grandir, et trouver sa place…

D’un premier film, on attend souvent un ton, un style dégagés de toute aspérité commerciale. Chien de la casse coche miraculeusement toutes les bonnes cases. Minimaliste, il déploie sa narration sur quelques lieux : des ruelles désertes, une place où l’on se retrouve pour fumer des pétards, l’entrée d’un immeuble ou encore un appartement où l’on joue sur la console. Ces moments dessinent le quotidien d’une jeunesse dont le devenir est indécis, incarnée par des comédiens si justes et si loin des standards à la mode (entre autres, Anthony Bajon et Raphaël Quenard, incroyables !).

Sans être encore entrés dans la vie adulte, ces jeunes tuent le temps, dissertent sur la vie avec détachement, vivent des instants de déconne et d’amitié, de solitude, de friction et de spleen sentimental. De ce groupe surgit un duo autour duquel le réalisateur développe un propos pertinent sur cette amitié indéfectible qui relie deux êtres. Il en questionne les limites et ce qu’elle peut induire d’ambiguïté (tendresse, jalousie, emprise…). Chien de la casse réussit en cela à installer une tension à partir de peu. Qu’il s’agisse de la présence permanente d’un chien, du conflit larvé entre deux bandes et, surtout, de l’évolution de la relation entre Mirales et Dog : la violence semble prête à surgir partout. Pétri de contradictions, Mirales peut à la fois humilier Dog lors d’un souper et, dans une autre séquence, se rendre chez une voisine pour l’écouter jouer du piano, le regard plein d’empathie.

Le rythme tendu du film, on le doit aussi aux dialogues, si littéraires et tellement de leur temps. Les comédiens s’en emparent naturellement et y ajoutent un mélange de décontraction et de sérieux, en raison de la force même des mots. On pense au flow poétique d’un rappeur, capable ici de citer Montaigne et de faire des métaphores spirituelles. Connecté à son époque, Chien de la casse n’arrondit jamais les angles pour révéler la beauté et la dureté des relations. Jusqu’au bout, il est accompagné d’un humour pince-sans-rire qui le rend encore plus mélancolique et généreux. Ce premier film est décidément formidable.

 

Public :

À partir de 15 ans

 

Quelques aspects du film à exploiter :

  • Les dimensions psychologiques, sociologiques et philosophiques du film
  • Humour et langage

 

Réalisé par:

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